Le télétravail : un sujet qui a pris énormément d’importance ces dernières années. C’est à présent un critère sur les offres d’emploi. La possibilité de travailler plusieurs jours par semaine, plusieurs semaines ou même « 100% full remote » est une question classique dans un process de recrutement. En 2023, mon entreprise a suivi le pas en donnant la possibilité de faire une à deux semaines en full remote. Passionnée par le voyage, il était évident pour moi que j’allais tester cette possibilité. Alors verdict, ça se fait bien ou pas ? Et dans mon cas, le télétravail à l’île Maurice, ça se fait ?
Le choix de la destination : le télétravail à l’île Maurice
Dans mon cas, cette possibilité s’accompagnait aussi de quelques contraintes : avoir une bonne connexion internet (of course) et avoir 2h de décalage horaire maximum pour ne pas impacter les horaires de travail. Et évidemment, ne pas avoir de rdv client en présentiel planifié cette semaine-là.
Que ce soit en France ou à l’étranger, à priori, la fenêtre de tir est plutôt large.
De mon côté, ce qui m’attirait était la possibilité de partir loin et de profiter d’un weekend de plus sur place et de temps le matin et le soir pour découvrir le pays.
J’ai donc opté pour l’île Maurice (tant qu’à partir, autant le faire bien !), qui a 2h de décalage horaire quand nous sommes à l’heure d’été. Un de mes pays de coeur pour y avoir vécu un an et demi et où mes amis se trouvent toujours.
Les avantages et inconvénients du décalage horaire
Avec mes horaires classiques, je faisais 2 (voire 3) journées en une ! Tous les matins, entre 7h et 10h (heure locale), j’avais le temps de découvrir la région, ou “juste” de passer 2h de détente à la plage – je sais, la vie est dure. Rien de tel pour commencer la journée en forme, et prendre quelques couleurs. Je profitais ensuite des soirées pour voir mes amis et surtout savourer la cuisine mauricienne qui est délicieuse. Mais je m’égare…
L’inconvénient principal pour moi est qu’à l’île Maurice (comme dans beaucoup de pays), en mars, il fait nuit à 18h15. Mes journées finissant à 19h30 heure locale, adieu les apéros couchers de soleil sur la plage. Les journées pouvaient parfois paraître longues.
Pour découvrir un pays, cet aspect peut jouer. Pour moi, ça allait puisque je fais facilement (ou presque) partie de la team “Lever de soleil”. Il faut surtout pouvoir adapter ses horaires à ses contraintes, tout en gardant une certaine flexibilité.
Légende : lever de soleil sur le Morne à l’île Maurice, lors d’une sortie pour nager avec les dauphins
Les challenges rencontrés dans le cadre du full télétravail
Le plus gros challenge : casser les idées reçues comme quoi le télétravail à l’étranger (ou toute autre région associée aux vacances d’ailleurs), ce n’est pas vraiment du travail. Entendre cette phrase à de nombreuses reprises, c’est lassant. Parce que oui, même quand il fait plus de 30 degrés, que la mer est transparente, on peut être plus productifs qu’une journée au bureau à échanger avec des personnes en continu. Je suis consciente que cette phrase fait sourire, douter pour certains. J’invite donc tous ces sceptiques à tester et à se rendre compte qu’au-delà d’être possible, c’est même très bénéfique. Commencer ses visios clients ou interne par “Mais Marion, pourquoi tu es en t-shirt et bronzée quand il fait 10 degrés ?”, ça permet d’engager la conversation autrement. Si vous cherchez des idées d’ice breaker, partez travailler à l’étranger !
L’impact écologique : c’est un sujet souvent mis en avant dans le cadre de la généralisation du télétravail hors du domicile habituel. C’est donc une question que je me suis aussi posée sur ce débat d’actualité. Mon voyage était déjà prévu, mon parti-pris a donc été de choisir quelque chose qui me rapproche davantage du “slow travel” : partir plus longtemps dans la destination, prendre davantage le temps…Pour certains, cela peut être l’occasion de partir moins, mais mieux.
Perte de contrôle : ce n’est pas une chose qui m’a touchée directement, mais j’ai lu beaucoup sur ce sujet, cela valait la peine de le mentionner. J’entends le point de vue de certains managers, j’ai pu les rencontrer autrefois. Dans un cadre bien établi, vous avez tout à gagner à faire confiance à vos équipes. Ne laissez pas la tentation de micro-manager transformer le télétravail en calvaire pour tous. La clé est pour moi de garder la proximité, sans bousculer les habitudes.
Quelques conseils pour ceux qui souhaitent tester
Mes conseils s’appliquent principalement pour une période de télétravail courte à l’étranger, les contraintes sont légèrement différentes pour une période plus longue :
- Prendre le temps du choix de la destination : cela veut dire autant au niveau du choix du pays que du lieu de télétravail. On évite les pays où les coupures de courant sont nombreuses, comme l’Afrique du Sud, ou on s’assure que le lieu de résidence a bien de l’électricité 24h/24 et surtout une connexion internet stable et fiable. La sécurité est également à prendre en compte.
- Prévenir le service informatique : il peut y avoir des restrictions d’utilisation dans certains pays, il est donc important de s’assurer avec la DSI que tout va bien fonctionner, notamment les accès aux serveurs. Ce serait dommage d’organiser la semaine autour de documents/outils auxquels vous n’aurez pas accès…
- Vérifier si une assurance spécifique est nécessaire : êtes-vous bien couvert en cas de problème personnel, mais aussi de vol de votre matériel de travail ? Il est important de vérifier ce point avec le capital humain.
- Vérifier l’utilisation du téléphone : si comme moi vous utilisez un logiciel sur votre ordinateur, pas de problème. Mais si vous utilisez un téléphone portable, assurez-vous de toujours pouvoir passer des appels sans faire grimper la facture.
- Adapter votre emploi du temps : vous n’aurez pas forcément le même matériel qu’habituellement. Par exemple, je fonctionne normalement avec deux écrans. Sur ma semaine de full télétravail, j’ai exclu les sujets nécessitant beaucoup de traitements de données pour me concentrer sur les sujets de fond nécessitant de ne pas être dérangée.
- S’auto-discipliner : chez soi, on a ses habitudes, sa routine. En dehors du cadre habituel (qui plus est, si la destination est particulièrement attractive), il faut s’adapter. Garder la routine, comme les appels de début et fin de semaine avec les collègues, la pause déjeuner fixe, prendre 5 minutes pour prendre l’air… Tout cela permet de conserver un bon cadre et rythme de travail. La récompense : des matinées/soirées qui sortent de l’ordinaire. Ça vaut le coup de cravacher dur pendant la journée pour en profiter.
- Combiner avec des jours de congés : cela peut sembler une évidence, mais c’est toujours utile de le rappeler. Prenez le temps de découvrir les alentours. Les soirées ne suffiront pas, ajoutez des après-midis/journées/week-ends… Bref autant de temps que possible pour maximiser le temps sur place et profiter de l’expérience.
Au global, un bilan vraiment très positif de cette expérience. A l’inverse, cela aurait pu être une première étape avant de m’expatrier. Prochaine étape : tester sur de plus longues périodes et voir si un cadre « digital nomade » pourrait me plaire.